
En dépit de l’accord de cessez-le-feu signé entre Israël et le Hamas en janvier 2025, la situation à Gaza reste incertaine et dramatique. Les violences se poursuivent et le blocus de l’aide humanitaire à Gaza par l’armée israélienne aggrave la souffrance de la population palestinienne. Dans ce contexte de guerre et de privation, les Palestiniens continuent de faire le Ramadan. Ce mois sacré devient alors un acte de résistance face à l’oppression et à la destruction.
Malgré l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 19 janvier, la trêve a été violée, notamment le 11 mars, lorsque l’armée israélienne a bombardé le quartier de Shujayea à Gaza. Pendant ce temps, le bilan humain continue de s’alourdir, même s’il reste très controversé. Selon l’ONU, plus de 47 000 Palestiniens ont été tués, tandis qu’une étude publiée dans The Lancet rapporte un chiffre proche de 70 000 morts. Il est difficile d’évaluer le nombre de victimes, les destructions sont immenses, 92 % des habitations ont été rasées ou gravement endommagées, laissant des milliers de Gazaouis sous les décombres.
L’aide humanitaire comme arme politique
Le blocus total d’Israël sur Gaza dure depuis le début du mois de mars. Le commissaire général de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) dénonce une « militarisation » de l’aide humanitaire. Israël, en bloquant l’entrée des cargaisons de nourriture et de médicaments, aggrave les risques de famine parmi les Palestiniens. L’aide humanitaire est transformée en outil politique afin de faire pression sur la population palestinienne. Face à la faim et au manque d’eau potable, des milliers de familles survivent dans des conditions désastreuses, menacées par la malnutrition et les maladies. De plus, le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti le 5 mars qu’il disposait de faibles réserves de nourriture pour approvisionner la bande de Gaza, les stocks ne seraient suffisants que pour deux semaines. S’ajoute à cela, les troupes israéliennes qui n’hésitent pas à s’en prendre aux mosquées en pleine période de Ramadan. Cela s’est notamment produit le 7 mars, en Cisjordanie occupée, où l’armée israélienne a attaqué plusieurs mosquées pendant la prière du vendredi du Ramadan.
Le Ramadan, un acte de résistance
Malgré ces privations, les Palestiniens continuent de célébrer le Ramadan, transformant chaque Iftar (repas de rupture du jeûne pendant le Ramadan) en un symbole de résilience. Dans la ville de Rafah, des centaines de personnes se sont réunies autour d’une grande table installée au milieu des décombres. « Les gens sont profondément attristés, mais nous avons décidé de redonner de la joie à cette rue, telle qu’elle était avant la guerre », explique Malak Fadda, l’un des organisateurs du repas commun. Dans les ruines de Gaza, des familles se rassemblent dans leurs appartements endommagés pour partager leur repas. « Ici, nous mangeons l’Iftar sur notre terre et nous ne quitterons pas cet endroit », déclare Mohammed Abu al-Jidyan, habitant du nord de la bande de Gaza. Une peinture murale inscrite sur un mur effondré révèle cet esprit de résistance : « Le Ramadan nous rassemble ».
« On a survécu à des décennies d’oppression, à un génocide. On ne quittera jamais notre terre. Ils peuvent la rendre inhabitable, nous ne partirons pas. J’en suis la preuve »

Shaher Yousef Abu Odeh, revenu dès le premier jour de la trêve avec sa famille, incarne cette détermination : « On a survécu à des décennies d’oppression, à un génocide. On ne quittera jamais notre terre. Ils peuvent la rendre inhabitable, nous ne partirons pas. J’en suis la preuve ». À Rafah, la grande table dressée au cœur des ruines devient un symbole puissant de résistance. Dans une atmosphère marquée par la douleur et la colère, le mois sacré s’affirme comme un acte politique en lui-même et une réaffirmation de l’attachement des Palestiniens à leur territoire.
Article écrit par Lylia Snoussi.