
Le Gouvernement a annoncé l’examen des textes sur la fin de vie pour le mois de mai. Deux propositions de loi doivent être examinées à partir du 12 mai : une sur les soins palliatifs, l’autre sur l’aide active à mourir. Mais les soins palliatifs ne concernent pas uniquement la fin de vie à court terme pour l’équipe mobile du CHU de Nantes.
« Il est parti ». C’est souvent de cette manière qu’un médecin annonce le décès d’un patient ou qu’un proche diffuse la nouvelle dans la famille. Pour l’équipe mobile de soins palliatifs du CHU de Nantes (EMSP), cette formule n’est pas seulement la traduction d’un état clinique. Elle désigne aussi un processus d’accompagnement plus large du patient, parfois sur plusieurs années.
Au fond d’un couloir du CHU de Nantes, dans un espace isolé, une porte blanche se situe près des guichets d’admission. Dans cette zone, les murs sont blancs et la lumière du couloir est terne. Passé la porte et l’écriteau « EMSP », les rayons du soleil réchauffent la pièce et les sourires de l’équipe soignante rompent avec l’ambiance hospitalière pesante. Tout le service est autour de la table, dans la salle de réunion. Une citation recouvre le tableau blanc : « Ce serait quand même plus simple si c’était moins compliqué. »
L’EMSP intervient auprès de tous les services du CHU, à la différence d’une unité de soins palliatifs qui dispose de lits. « Au départ, les soins palliatifs étaient très présents en cancérologie et aujourd’hui on touche plus de spécialités. On sent qu’il y a une évolution sociétale où la prise en charge palliative se développe » analyse Aurélie Lepeintre, médecin au sein de l’équipe.
Une prise en charge globale
La polyvalence de l’EMSP fait sa spécificité, au service de l’accompagnement du patient. Autour de la table de réunion, des médecins, des infirmières, des assistantes sociales et des psychologues sont assises. Toutes viennent apporter leur expertise. « L’idée des soins palliatifs, c’est de prendre le patient dans sa globalité. Ce n’est pas seulement traiter la maladie. On s’intéresse aussi bien aux symptômes qu’à la dimension psychologique, la souffrance morale et la dimension sociale » détaille Clémentine Paul, assistante sociale. En fonction du projet du patient, de ses besoins et de sa volonté pour sa fin de vie, l’EMSP s’adapte. « C’est un peu du sur-mesure avec le projet du patient » ajoute-t-elle.
Accompagner un projet
Certains patients ont des projets spécifiques. « C’est assez fréquent d’accompagner des patients étrangers qui vivent en France, sont là pour le travail et veulent mourir dans leur pays d’origine » assure Clémentine Paul. Dans ce cas, toute l’équipe se mobilise. L’assistante sociale s’occupe de trouver des billets d’avion, un laisser-passer consulaire lorsque le patient n’a pas de passeport et le médecin adapte les traitements au voyage, parfois longs de plusieurs escales, pour réduire les souffrances.
L’EMSP n’est pas seulement présente autour du patient et de son entourage, mais aussi auprès de l’équipe soignante du service concerné pour un soutien moral et médical. Malgré tout ce travail, l’EMSP se heurte aux réalités budgétaires. « La loi actuelle sur les soins palliatifs n’a pas les moyens de ses ambitions » déplore le Dr. Diane Constant-David. En 2023, la Cour des comptes relève dans un rapport que 50% des besoins palliatifs ne sont pas couverts, notamment par un manque de moyens. Les hausses budgétaires de ces dernières années ne compensent pas le vieillissement de la population.

Auteur : Noé Houssay
Article paru dans l’édition papier d’avril 2025.